dimanche 24 août 2014

Pourquoi Atatürk a fait traduire tout le Adhan en turc en dehors d’un mot ?

Il n’est plus un mystère pour les lecteurs du blog sur le fait qu’Atatürk et les kémalistes ont tout mis en œuvre pour supprimer l’influence de l’islam dans la société turque. Tout au long des différents articles, il a été démontré comment le Califat a été détruit, comment des hodjas par milliers ont été pendus et emprisonnés, comment des milliers de madrasas ont été fermés, comment l’enseignement du Saint Coran a été interdit… Les exemples sont fleuves et refuser de le voir reviendrait à nier l’évidence.

Si malgré tout, le doute persiste encore chez ceux sur qui la propagande kémaliste a été forte que ce soit par le biais de l’éducation nationale turque ou par le biais des médias longtemps soumis à l’idéologie kémaliste, l’exemple du adhan (ezan en turc) ne devrait plus poser de problème.

Le passage de l’appel à la prière en turc a été promulgué par le Diyanet (direction des affaires religieuses créé par Atatürk) le 18 Juillet 1932 sur ordre direct du président de l’époque Atatürk et de son 1er Ministre Ismet Inönü. Le adhan dont a été à l’origine le compagnon du prophète Bilal Al-Habashi a ainsi été imposé dans une langue autre que l’arabe aux musulmans de Turquie pendant près de 18 ans. Officiellement, cette « réforme » avait pour but de faire en sorte que le peuple comprenne les paroles de l’appel à la prière. Officieusement, sont but était surtout d’effacer peu à peu la langue originelle de l’islam, l’arabe et ce jusqu’à même faire le lire Saint Coran que dans sa version traduite dans les mosquées. De plus, pour asseoir cette « réforme », Ismet Inönü qui devint président de la République après le décès d’Atatürk fit promulgué une loi visant à punir de 3 mois d’emprisonnement tout ceux qui prononceraient le adhan en arabe.

Traduction : 19 bigots ont été condamné à la prison
pour avoir protesté contre la réforme de l'appel en turc

Mais le plus vicieux dans cette initiative, c’est le fait de ne pas traduire un unique mot dans l’appel. Imaginez un seul instant que tout le adhan a été traduit et même le nom propre d’Allah a été transposé en « tanri » qui signifie dieu, mais qu’il a été laissé un seul mot dans sa prononciation arabe. Ce mot en question est « felâh ». Pourquoi alors ne pas avoir traduit ce mot ? Pour comprendre, il faut reprendre l’appel en entier dans sa traduction entière :
ALLAH est le plus grand, J'atteste qu'il n'y a de dieu qu' ALLAH, J'atteste que Muhammed est le messager de ALLAH, Venez à la prière, Venez à la félicité, ALLAH est le plus grand, Il n'y a de vraie divinité hormis ALLAH.
« Felâh » veut donc dire littéralement « félicité » dans la phrase, et le muezzin invite donc les fidèles à venir prier pour leur félicité. La définition du mot « félicité » dans le Larousse est la suivante : grand bonheur, contentement intérieur, joie, béatitude. De même, la traduction de « felâh » en turc se fait par le mot « kurtulus » ce qui se traduit en français par « libération ».

Ainsi, lorsque l’on reprend seulement les deux phrases suivantes : « Venez à la prière, Venez à la félicité », le fidèle comprend donc que pour son bonheur suprême, sa joie, sa béatitude et sa libération des tracas et des turpitudes de ce monde, il doit venir prier à la mosquée. Quand on sait comment les dönmeh sabbatéens connaissaient souvent mieux l’islam que la plupart des musulmans, on comprend donc mieux pourquoi Atatürk ne voulait pas que les turcs comprennent que la liberté contre la perversion kémaliste de la société viendrait par la prière. Il ne pouvait évidemment pas supprimer l’islam du jour au lendemain sans quoi le peuple risquerait de démasquer l’imposture et de se révolter, mais il savait qu’en réduisant la foi des fidèles peu à peu, il arriverait à ses fins avec le temps. Quels dirigeants autres les kémalistes se sont autant efforcés à s’attaquer aux valeurs et aux croyances de leur propre peuple ? Tout ce qu’ils ont entrepris jusqu’aujourd’hui n’ont été que perversion de la société, désislamisation, imposition d’une histoire mensongère, destruction de l’héritage ottoman, imposition d’un modèle de société européen… Dans le même temps, ce temps perdu avec les valeurs des turcs a tiré toujours plus le pays vers le bas économiquement et industriellement ce qui l’a conduit à devenir de plus en plus pauvre et soumis aux décisions des sionistes à qui Atatürk a livré la Turquie.

Adnan Menderes
Cependant, malgré tous les vils coups portés contre la foi des turcs, les kémalistes ne purent jamais supprimer l’islam sunnite en Turquie et cette réforme fut abrogée en 1950 suite à la victoire du Parti Démocrate présidé par Adnan Menderes (pendu par la junte militaire kémaliste suite à un coup d’Etat). Depuis, l’appel à la prière fut de nouveau lancé en arabe comme il avait été lancé la première fois par Bilal Al-Habasi, et aujourd’hui encore il reste inchangé et suscite à celui qui l’écoute avec le cœur un sentiment d’apaisement comme aucune autre mélodie.

Voici donc l’homme que longtemps la presse française a encensé comme l’homme qui a modernisé les turcs, le sauveur de la nation… Un homme qui pourtant a tout entrepris dans le but de détruire les valeurs de son propre peuple et ce avec des méthodes dictatoriales qui laissent encore ses traces jusqu’aujourd’hui. Ce qui est le plus ubuesque dans l’histoire, c’est que manuels scolaires et les documentaires n’hésitent pas à montrer le Maréchal Pétain comme un dictateur autoritaire qui a pris les pleins pouvoirs tout en minimisant ces mêmes faits concernant Atatürk. La réponse sur ce double discours se trouve peut-être dans le fait que Pétain avait fait des Franc-Maçons des hors la loi tandis qu’Atatürk et les jeunes turcs en étaient membres…


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