mardi 10 novembre 2015

Atatürk est un dönmeh juif : c'est ce qu'affirme un journaliste juif du The New York Sun

Le 24 Juillet 2007, Hillel Halkin éditeur de The New York Sun a écrit un article portant d’étranges affirmations. Deux jours après la victoire de l’AKP lors d’élections législatives, Halkin reprenait un article qu’il avait écrit 13 années avant avec des précisions qui lui étaient parvenues. Selon l’autobiographie d’un journaliste qui s’appelait Ben-Avi, Atatürk était dönmeh juif. Lors de la publication de son article, Halkin qui était inquiet des conséquences que pourraient porter sur la société turque de pareilles affirmations a donc relaté ces écrits en association avec un email reçu en 2007 qui apportaient d’autres preuves. Voici son article de 2007 traduit en français à partir du site même du The New York Sun.

Voici son article traduit en français :

Il y a quelques 12 ou 13 années, quand je travaillais à partir d’Israël pour l'hebdomadaire New-Yorkais, le Forward, j’ai écris un article sur Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie laïque moderne, que je soumettais au journal avec une certaine appréhension. Dans ce document, je présentais des preuves sur la probabilité qu'Atatürk ait eu un père juif - ou plus précisément un dönmeh. Les dönmehs étaient une secte juive hérétique constituée, après la conversion à l'Islam au 17ème siècle du prétendant messianique turco-juif Sabbetai Zevi, par ses partisans qui ont continué à croire en lui.

Se comportant le jour en tant que musulmans en l'imitant, ils vivaient clandestinement en tant que Juifs et continuaient à exister en tant que groupe si secret, très bien jusqu’au 20ème siècle. Dans les nombreuses biographies d'Atatürk, il y avait trois ou quatre versions différentes sur l’histoire de son père, et même si aucunes ne l'ont identifié comme étant un juif, leur multiplicité suggérait qu'il avait couvert ses origines familiales.

Cette preuve, bien que limité, était intrigante. Son point fort était un chapitre dans une autobiographie longtemps oubliée d’un journaliste hébreu, Itamar Ben-Avi, qui a décrit dans son livre une rencontre fortuite lors d’une nuit pluvieuse vers la fin de l'hiver de 1911 dans le bar d'un hôtel de Jérusalem avec un jeune capitaine turc.

Eméché par trop d’arak (ndlr : boisson alcoolisée), le capitaine confiait à Ben-Avi qu'il était juif et récitait les phrases d’introduction en hébreux du Shema Yisrael ou la prière « Ecoute Israël », que presque tout Juif ou dönmeh - mais aucun turc musulman – devait connaître. Dix ans plus tard, Ben-Avi écrivait, qu’il a ouvert un journal, a vu un titre d'un coup d'Etat militaire en Turquie, et dans une photographie montrant le leader, il a reconnu le jeune officier qu'il avait rencontré l'autre soir.

À l'époque, l'opposition politique islamique contre le style laïcard d’Ataturk gagnait en force en Turquie. Qu'arriverait-il, je me demandais, si un journal juif de New York révélait des nouvelles comme quoi le fondateur vénéré de la Turquie moderne était à moitié juif? Je voyais des soulèvements, des statues d'Atatürk renversées sur le sol, l'État laïc qu'il avait créé chancelant avec eux.

J’aurai pu garder pour moi cette anxiété. L’article a été lancée au Forward, il n'y avait eu guère de réaction de nulle part, et la vie en Turquie a continué comme avant. Pour autant que je savais, pas un seul turc n’a lu ce que j’ai écrit. Et puis, il y a quelques mois, je recevais un e-mail de quelqu'un qui l’avait lu. Je ne vais pas mentionner son nom. Il vit dans un pays européen, a une certaine éducation, travaille dans le secteur financier, est un kémaliste résolument laïc, et a écrit pour me dire qu'il avait trouvé mon article dans le Forward et avait décidé de faire un peu de recherche historique en ce qui le concerne.

Une chose qu'il a découvert, écrit-il, était que Ataturk a en effet traversé dans la fin de l'hiver 1911 l’Egypte sur son chemin en partant de Damas pour rejoindre les forces turques combattant l’armée italienne en Libye, un itinéraire qui l'aurait amené à passer par Jérusalem au moment où Ben-Avi a affirmé l'avoir rencontré.

En outre, en 1911, il était en effet capitaine, et son goût de l'alcool, que Ben-Avi ne pouvait pas savoir quand il a écrit son autobiographie, est bien documenté.

Et voici une autre chose qui a été conclue par mon correspondant par email turc : Ataturk, qui est né et a grandi à Thessalonique, une ville à forte influence juive en son temps et qui avait une grande population de dönmehs, a étudié dans une école de renom, connue sous le nom « Ecole Semsi Effendi », qui a été dirigé par un chef religieux de la communauté dönmeh, dénommé Simon Zvi. Le courriel a conclu avec la phrase :
Je sais maintenant - vraiment (et je n’ai pas l'ombre d'un doute) - que la famille du père de Ataturk était en effet issue de milieux juifs
Je n’avais pas le moindre doute non plus de toute manière. Je dois juste avoir, cette fois, moins d'appréhension, non seulement parce que je ne souffre plus de la folie des grandeurs concernant les effets possibles de mes colonnes, mais parce qu'il n'y a pas lieu de craindre de renverser l’institution laïque de la Turquie kémaliste.

Elle a été renversée pour de bon lors des élections turques, il y a deux jours quand le parti islamique du Parti pour la Justice et le Développement (ndlr : l’AKP d’Erdogan) a été reconduit au pouvoir avec une si écrasante victoire sur ses rivaux qu'il semble sûr de dire que la Turquie laïque, au moins dans la forme qu’Ataturk l'avait conçue, est une chose du passé.

En fait, la judéité d’Ataturk, qu’il a systématiquement tenté de dissimuler, explique beaucoup de choses sur lui, surtout son hostilité farouche envers l'islam, la religion dans laquelle presque tous les turcs de son époque avait été élevés, et sa détermination d’une volonté de fer pour créer un nationalisme turc strictement laïc dont la composante islamique serait bannie.

Qui d'autre qu'un membre d'une minorité religieuse voudrait à ce point éliminer la religion de l'identité de la majorité musulmane qui, après le génocide des Arméniens chrétiens de la Turquie lors de la Première Guerre mondiale et l'expulsion de la quasi-totalité de ses Grecs chrétiens au début des années 1920, composait 99% de la population de la Turquie? La même motivation a causé l’apparition de la bannière du nationalisme arabe laïc pour la première fois dans le monde arabe par des intellectuels chrétiens.

Ataturk n’a jamais semblé avoir eu honte de ses origines juives. Il les a caché parce que ça aurait été un suicide politique de ne pas le faire, et l'Etat turc laïque qui était son héritage l’a caché aussi, et avec lui, son journal personnel, qui n'a jamais été publié et a pour toutes fins été gardé secret d'État toutes ces années. Il n'y a pas besoin de le dissimuler plus longtemps. La contre-révolution islamique a gagné en Turquie, même sans l’exposition au jour de ces secrets.



Voici l’article de Hillel Halkin de 1994 :

WHEN KEMAL ATATÜRK RECITED SHEMA YISRAEL
The Forward, 28 Janvier 1994

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