mercredi 27 janvier 2016

L’histoire de la modeste mosquée Yavuz Er Sinan sur les rives du Bosphore

La mosquée Yavuz Er Sinan fait partie des plus vieilles mosquées construites après la conquête d’Istanbul. Elle se situe tout de suite à droite de votre trajet allant de Unkapani à Eminönü. Elle est aussi appelée la mosquée Sagricilar.

La mosquée qui date de 1484 est relativement petite et l’intérieur est assez simple par rapport aux nombreuses autres mosquées célèbres d’Istanbul qui impressionnent par leurs grandeurs et leurs beautés sans égales. Evliya Celebi (Seyyah Evliya Hafız Mehmed Efendi) était l’administrateur de cette mosquée et il avait l’habitude de faire la majorité de ses prières ici même.



La mosquée comporte une salle de prière d’une capacité de 6 rangées. Selon certaines sources, son fondateur n’est autre que Yavuz Er Sinan qui était le porteur de drapeau du Sultan ottoman Mehmed II « Le Conquérant » et le superviseur en chef de toutes les divisions des équipes du Mehter. Pendant les expéditions il marchait devant les drapeaux et portait le drapeau appelé « Ak Alem ». Après la conquête de Constantinople il est devenu le garde des murailles d’Unkapani. Selon certaines sources, c’est Fatih Sultan Mehmed qui a décidé de la construction de la mosquée et son nom lui a été attribué selon le récit qui va suivre.

Après la conquête d’Istanbul les murailles qui avaient été détruites ont été reconstruites et pendant une période les portes de la ville ont été fermées du soir jusqu’au matin en interdisant les passages pour des raisons de sécurité. Un jour Fatih Sultan Mehmed qui s’était habillé comme un simple habitant était sorti de la ville accompagné de quelques personnes pour partir à la chasse. Lorsqu’il revint à la ville le ciel s’était alors obscurci. Le Sultan et ses accompagnateurs qui s’étaient présentés à la porte d’Unkapani ont alors aperçu Sinan Celebi en train de monter le garde. Fatih Sultan Mehmed dit à Sinan Celebi :
- Mon brave, nous sommes en retard. Ouvre cette porte nous voulons entrer dans la ville.
Sinan Celebi qui ne sait pas alors à qui il a faire refuse d’ouvrir et dit :
- C’est impossible, il y a un ordre de notre Sultan. Les portes doivent être gardées fermées jusqu’au matin. Je n’ouvrirai pas tant qu’il n’y aura pas un nouvel ordre.
Comprenant alors que ses efforts et les demandes de ses compagnons n’aboutiront pas, il prit un stylo et un papier et commença à écrire :
« A l’attention de mon sujet Sinan Celebi… Sa patience est à bout Mohammed, ouvre la porte que puisse entrer ton Sultan » tout en ajoutant sa célèbre signature (appelée Tugra). Après avoir tendu et donné la lettre à Sinan Celebi il dit : 
- Tiens, voilà l’ordre que tu attendais.
Quand alors Sinan Celebi lit la lettre il comprit la situation et dit :
- L’ordre est notre Sultan!
Et il ouvrit enfin la porte. Fatih Sultan Mehmed et ses compagnons entrèrent alors par la porte. La fidélité au Padisah de ce soldat ainsi que son travail ont fortement plu au Sultan. Il s’est alors tourné vers le soldat et il dit :
- Quel « yavuz » (homme droit et strict) accompli es-tu…
Et il lui demanda s’il avait ou non une requête. Sinan Celebi lui a alors répondu qu’il voulait qu’une mosquée soit construite à son nom dans les environs.

Fatih Sultan Mehmed a immédiatement accepté sa requête et a fait construire une mosquée portant le nom de Sinan Celebi tout près des murailles dans le quartier. Avec le temps, son nom est devenu la mosquée Yavuz Er Sinan.

Il n’y a que deux tombes aux abords de la mosquée. L’une d’entre elles est celle dont la mosquée à été construite en son nom, et l’autre est celle d’un vieux sage d’Erzurum appelé Horoz Baba (Père Coq).

Selon les récits Horoz Baba était un des soldats de Fatih Sultan Mehmed Han. Il a été mobilisé lors de la conquête d’Istanbul. On dit que chaque matin, avant la prière du matin, cet homme marchait parmi les soldats et chantait comme un coq afin de les réveiller pour la prière (car un coq chante habituellement à la prière du matin avant l’aube). Il fut tombé en martyr pendant l’assaut à l’endroit même où se trouve sa tombe.

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