lundi 25 janvier 2016

Comment le cinéma et la chanson turque ont installé le scepticisme à l'islam et le koufr

Quand bien même le cinéma et la chanson turque de la fin du 20ème siècle est inconnue en dehors de la Turquie, ils restent encore aujourd’hui très populaires chez les turcs si bien que même les plus jeunes n’ayant pas vécu cette période regardent les vieux films ou écoutent les vieilles chansons avec beaucoup de respect et d’admiration. On considère ainsi ces films et ces chansons comme faisant partie du patrimoine culturel de la Turquie.

Cependant, en prenant un peu de recul, on remarque combien le cinéma turc et la chanson ont façonné les turcs sur leurs visions de l’islam et des gens pieux si bien que cela a participé avec l’idéologie kémaliste à l’éloignement des turcs de leur religion ou alors à faire du koufr tout en se disant musulman. 


Le cinéma et la chanson ont apporté deux notions dans les esprits :
  1. le scepticisme vis à vis de l’islam
  2. le koufr
Le scepticisme a été surtout introduit par le cinéma turc (qu’on appelle aussi Yesilçam) qui s’est démocratisé en Turquie pendant la république kémaliste, héritage de son fondeur dictateur crypto-juif et hautement islamophobe Mustafa Kemal Atatürk. Par contre le koufr a été installé par la chanson par les paroles des musiques. Par ailleurs, l’implication des alevis dans l’installation du scepticisme et du koufr chez les musulmans par le biais du cinéma et de la chanson est une vérité qui doit être signalé.

1. Le scepticisme


Quand bien même la population turque était musulmane, le cinéma turc n’avait pas du tout des contenus liés à ce que peut attendre de lui un musulman pratiquant, c’est à dire de montrer des personnages vivant sereinement leur religion, raconter la vie des compagnons du prophète (saw) et leurs exploits, ou même relater une fiction mais dans un univers totalement en corrélation avec l’idéal islamique par exemple. Bien au contraire, ces films traitaient quasi exclusivement de sujets « occidentalisants ». Mais si ça s’arrêtait là... Le peu de fois que les films turcs ont intégré des personnages de religion, ils ont systématiquement été dépeints comme des menteurs, manipulateurs, calculateurs, intéressés, obscènes, ou comme traîtres à la nation. Dans ces films, les imams ou les hodjas sont par exemple toujours aux cotés des chefs de villages qui les aidaient à écraser les villageois, ou bien alors ils étaient propriétaires et faisaient subir nombreux tourments à leurs locataires par cupidité ou par simple méchanceté. Dans les films prenant pour contexte des villages reculés de l’Anatolie, ces personnages étaient souvent présentés avec tout l’attirail religieux afin que personne ne doute sur leurs croyances : une barbe (souvent mal taillée), coiffé d’un turban, habillé d’un djoubba et avec un chapelet à la main. 

Il est très aisé de repérer ce genre de personnage dans certains vieux films célèbres :
  • Vurun Kahpeye : Le film se déroule pendant la 1ère guerre mondiale et la trame même est la critique de l’islam et de l’Empire Ottoman présentés comme désuets, arriérés et barbares face au kémalisme présenté comme moderne et libérateur. Le hodja est dépeint comme un traitre à la nation, responsable de massacre avec un caractère repoussant. Un véritable film de propagande kémaliste et islamophobe.
  • Züğürt Ağa : le cheikh qui a une grande place dans le film est présenté comme menteur, intéressé, cupide, obscène.
  • Kibar Feyzo : l’imam du village est quelqu’un qui aime le bakchich, intéressé et il est du coté du chef de village qui écrase les villageois.
  • Üç Kağıtçı : le hodja est un manipulateur, escroc qui vole l’argent des habitants du quartier en devenant leur gourou avec des croyances païennes.
  • Sakar Şakir : le « haci » (qualificatif pour ceux qui ont fait le pèlerinage) est cupide, avare, il lorgne sur l’héritage du personnage principal, il déteste tout le monde, il est sans pitié avec ses locataires et trompe les client de son épicerie. 
  • Sark Bülbülü : l’imam du village est du coté du chef du village, il est cupide, aime le bakchich et invente des fatwas totalement païennes.
  • Kanli Nigar : dans le film qui se déroule pendant l’ère ottomane, le père du personnage principal est présenté d’abord comme très pieux et défendant les valeurs de l’islam pour ensuite dévoiler son vrai visage d’un obsédé qui passe son temps à regarder les femmes et qui a violé une jeune fille domestique dans sa jeunesse.
D’une façon globale, soit le cinéma turc a montré l’islam comme rétrograde et barbare empêchant les turcs de se moderniser comme le voulait Atatürk et son lot de réformes anti-islamiques et perverses, ou alors il a volontairement fait passer des coutumes et des pratiques culturelles comme étant islamiques pour in fine présenter l’islam toujours comme une religion barbare et arriérée puis le cinéma a constamment montré les personnages de religion dans les films comme de mauvaises personnages peu fréquentables et repoussants.

Personnage de Saban interprété par
Kemal Sunal
Il y a aussi un autre effet pervers qu’a provoqué le cinéma turc vis à vis de l’islam, c’est d’associer des icônes de la comédie à des noms hautement symboliques de la religion. Le plus célèbre est le nom de Şaban (prononcé chabane) qui a été associé à des personnages comiques grotesque et le plus souvent vulgaire interprété par Kemal Sunal la première fois dans le célèbre film « Hababam Sinifi ». Ce prénom est le nom d’un des mois les plus important du calendrier musulman. On sait maintenant qu’avec les films faisant intervenir le personnage de Şaban, en Turquie les bébés se faisant appeler ainsi qui étaient au nombre de 3000 en 1960 sont passés à 113 en 2009. De la même manière, le phénomène se répète encore aujourd’hui avec le prénom de Recep qui est utilisé pour le personnage de Recep Ivedik qui est comme Şaban comique et grossier et vulgaire.

2. Le koufr


La chanson turque a été un propagateur du koufr sans commune mesure depuis qu’elle s’est démocratisée en Turquie tout en prenant le modèle occidental incorporant des messages contraires à l’islam. Nul besoin d’essayer de le démontrer par de longues phrases, il suffit de prendre quelques exemples de célèbres chanteurs :

Une foule de spectateurs glorifiant leurs idoles chanteurs
  • Kubat : « je t'ai aimé autant qu'Allah » (association)
  • Nükhet Duru : « tu es le dernier dieu que j’ai vu » (association)
  • Edip Akbayram : « quand apparaissent tes soucis, envoi une plainte à Allah » (rébellion)
  • Mahsum Kirmizigül : « je t’ai aimé comme mon dieu » (association)
  • Orhan Gencebay : « honte sur un destin comme celui-ci » (koufr) « que s’écroule ce monde » (koufr)
  • Yildiz Tilbe : « je mourrai sans toi au paradis » (koufr)
  • Grup AF : « la folle coquette est venue à un temps libre du créateur » (koufr)
  • Muazzez Abaci : « l’enfer avec toi m’est une récompense même le paradis sans toi serait un exil » (koufr)
  • Duman : « ne te préoccupes pas de l’autre monde, vis ta vie » (incitation à la mécréance)
  • Cem Adrian : « pourrais-tu me faire à nouveau croire à dieu ? » (koufr)
  • Erol Evgin : « t’aimer est mon acte de piété » (koufr)
  • Hakki Bulut : « je t’ai adoré adoré adoré adoré adoré quand même » (association)
  • Ibrahim Tatlises : « ne suis-je pas un homme ? » en s’adressant à Allah (koufr)
  • Hande Yener : « of mon dieu, la personne qui réchauffe mon être était comme ton miroir » (association)
  • Ebru Gündes : « ce que je te fais chéri, c’est un acte de piété au goût d’amour » (koufr)
  • Ferdi Tayfur : « je me suis fâché contre celui qui m’a amené dans ce monde » (koufr)
  • Ahmet Kaya : « j’ai fais qu’insulter ton livre et ton dieu » (koufr)
  • Murat Gögebakan : « j’avais fait de toi ma déesse » (association)
  • Müslüm Gürses : « que les minarets s’écroulent et que s’ouvrent les tavernes » (koufr) « je me rebelle contre le destin, il ne m’a ni fait sourire, ni tué » (koufr) « je me suis opposé au destin » (koufr)
  • Oguz Yilmaz : « met de l’argent à Leyla, est ce qu’on viendra à nouveau dans ce monde » (incitation à la mécréance)
  • Ferhat Göçer : « je n’échangerai pas un de tes cheveux contre le paradis » (koufr)
  • Selami Sahin : « t’es une femme à adorer » (association)
  • Latif Dogan : « je boude mon Coran et mon livre » (koufr)
Ce sont des exemples parmi tant d’autres, les paroles sont assez explicites, et tout y est : association, shirk, koufr, incitation à la mécréance… quand il n’y est pas fait mention à la débauche sexuelle au zina à l’alcoolisme et toutes sortes de turpitudes. Certains vont dire ici que ce ne sont que des musiques et que ce ne doit pas être pris au sérieux et que ce ne sont que des divertissements. Pour autant, les paroles sont là, bien présentes, et à force d’écouter ces musiques, on répète les couplets, ensuite la chanson entière et ainsi de suite. Qui ne s’est pas retrouvé ensuite à fredonner des paroles de chansons ? On se retrouve in fine à aimer des paroles d’association ou de koufr et à les réciter alors qu’on ne les prononcerai pas de notre propre gré, mais on les répète. Où est la différence ?

Le Saint Coran est clair et explicite sur ce point si on se réfère au 116ème verset de la sourate Al-Nissa :
Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'égare, très loin dans l'égarement.
Mais aussi au 151ème verset de la sourate Al-Imran :
Nous allons jeter l'effroi dans les coeurs des mécréants. Car ils ont associé à Allah (des idoles) sans aucune preuve descendue de Sa part. Le Feu sera leur refuge. Quel mauvais séjour que celui des injustes!
Ou encore au 72ème verset de la sourate Al-Ma-Idah :
Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : "En vérité, Allah c'est le Messie, fils de Marie." Alors que le Messie a dit : "Ô enfants d'Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur". Quiconque associe à Allah (d'autres divinités) Allah lui interdit le Paradis; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs!
Ce sont des choses qui ne doivent pas être prises à la légère surtout en connaissance de plusieurs hadiths concernant une même parole de notre messager (saw) qui dit que bientôt celui qui réveillera croyant le matin sera mécréant le soir. A l’évidence, la situation que notre prophète (saw) a décrite est la période que nous vivons aujourd’hui. En récitant une chanson comportant ce genre de propos le croyant peut tomber dans la mécréance sans le savoir et c’est là que ce trouve le danger de la chanson. 

Asik Mahzuni Serif
Parallèlement à ces notions dans la chanson turque, il y a aussi des chanteurs qui font volontairement passer des messages insultants à l’égard de l’islam, ou bien encore à l’égard de notre prophète et de ses compagnons. Il y a en cela un exemple très révélateur dans la chanson « Nem Kaldi » du chanteur alevi Asik Mahzuni Serif. Dans sa chanson qui traite de sa vie et des gens qui l’ont trahi ou tourné le dos, il y a cette parole suivante : « Çok Ali' ler gördüm Osman çıktılar, Eski dostlar bize düşman çıktılar ». La traduction de cette parole est : « j’ai vu beaucoup d’Ali, ils étaient réellement Osman, les anciens amis sont devenus nos ennemis ».

Les 4 califes bien guidés
Derrière cette parole à l’allure anodine se cache en réalité une grande insulte à l’égard de Hz. Osman (ra) compagnon du prophète (saw) et Calife. Pour comprendre cette insulte, il faut d’abord connaître la position de la croyance chiite alevi vis à vis des compagnons du prophète. Pour les alevis, il n’y a que Hz. Ali (ra) qui compte après le prophète (saw). Ils le considèrent comme le symbole de la droiture, du courage et de la sagesse (comme tous les musulmans en général au final) pour en même temps dénigrer et insulter les autres compagnons et Calife Hz. Abou Bakr as-Siddiq (ra) Hz. Omar ibn al-Khattab (ra) et Hz. Othmân ibn Affân (ra). Ils les considèrent comme traitres, mécréants et ennemis. Toujours selon les sectaires alevis, Hz. Osman (ra) s’est montré proche et bon avec Hz. Ali (ra) pour ensuite le trahir, d’où ce parallèle avec la parole de sa chanson pour dire qu’il a connu nombres de gens paraissant courageux et droits pour s’affirmer ensuite comme traitres et lâches. 

La position de l’islam sur ce genre de comportement est sans équivoque. Selon notre prophète (saw), la moindre critique (sans parler d’insulte) à propos de ses compagnons relève de la mécréance. De plus, on peut aussi ajouter une autre chanson de cet ennemi de l'islam qu'est Mahzuni Serif dans laquelle il dit explicitement, mot pour mot :
Ey ceux qui lisent en arabe, Allah ne connait-il pas le turc?
Ainsi donc on a l’exemple même d’une influence sur la foi des musulmans qui ne prennent pas gare par des chanteurs peu scrupuleux qui osent même faire un parallèle entre les compagnons du prophète (saw) et de mauvais comportements.

L'alevisme considère le saz comme
faisant partie des actes de piété
Nous avons l’exemple d’un alevi, mais quand on regarde plus haut la liste non exhaustive de chanteurs intégrant des paroles de koufr et shirk, on peut apercevoir bon nombre d’alevis comme Edip Akbayram qui est très célèbre aussi. En réalité, la chanson turque a été quasi exclusivement propulsée et conduite par des chanteurs alevis et il y a en ceci une raison très simple : la secte de l’alevisme intègre dans ses actes de piété la possibilité de les faire avec un instrument de musique, le saz, si bien que faire de la chanson fait partie de la culture alevi de par nature, ce qui n’était pas sans déplaire aux kémalistes toujours en recherche d’installation de divertissements divers en remplacement de l’islam. Toujours en restant sur l’alevisme, le cinéma turc a aussi été propulsé par des acteurs, réalisateurs et producteurs alevis. Qui d’autres en Turquie pouvaient à ce point vouloir dépeindre l’islam sunnite comme barbare et arriéré ?

En prenant maintenant un peu de recul, ne peut-on pas réellement considérer que le cinéma turc et la chanson turque ont participé énormément (avec les réformes kémalistes) à ce que les turcs s’éloignent de l’islam et de sa formidable idéologie qui fait tout pour que la société musulmane soit la plus propre, respectueuse, équilibrée, juste et équitable ? Sans doute que l’on peu. Le but ici n’est pas de dire : ne regardez plus de films, n’écoutez plus de musique. Non. Le but est de réveiller les consciences sur certaines choses qui semblent banales et faisant parties de notre quotidien et qui peuvent grandement nous influencer sur notre vision par à rapport à la religion ou nous faire tomber dans le koufr ou bien dans le shirk.

De même, si l'on se réfère au hadith "Chacun sera (dans l'autre monde) avec celui qu'il aura aimé (dans ce monde)", il devient indéniable que ces chanteurs ou acteurs qui auront prononcé des paroles de koufr ou montré une image avilissante de l'islam sans demander un sincère pardon seront les compagnons dans l'autre monde de ceux qui les adulent ou qui les aiment dans ce monde.

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